-

Bien commencer, mieux moyenner ne mérite pas louange sans très bien finer : Dist Lëonet : "Or nous poons Bien adviser sur ce qu'oons, Sy est bon qu'au conseil venés Entre vous, vaillans et senés, Pour veoir comment n'en quel ghise Miex achieverons nostre emprise. Bien commencier, miex moienner N'est pas los sans très bien finer. Toute notoire en est la proeve, Car la fin les fais monstre et proeve." (Pastor. B., c.1422-1425, 142).

-

Celui qui a bien commencé a presque fait la moitié : Et pour ce dit Aristote Dimidium facti qui bene cepit habet celuy qui a bien commencé il a pres que la moitié de son fait. Puis doncques qu'il ne suffist pas auoir ce premier degré monte au second iusques a meditacion qui est aussy comme la maison de conseil la ou tu penseras et mediteras a part comme tu pourras acomplir ce que tu as apris estre a faire. (CIB., p.1451, 178). Qui bon veult estre et debonnaire Commenchier convient a bien faire. Qui bien commenche et de bon het, Il a le moitié de son fet, Ja cose faitte ne seroit Qui ja ne le commencheroit (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 82).

Rem. Hassell (latin) 255, D3 : Dimidium facti, qui coepit, habet (dans Gerson VII, 534, 892).

-

Charité bien ordonnée commence à soi-même V. charité

-

Il n'y a si fort que du commencer : Bien soit venu qui cy a ramené joie et soulas ! Bien soit venue la chevallerie qui le païs remettera en honneur ! Seigneurs, emploiés vous en bien faisant, il n'y a si fort que du commencier ! (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 966).

-

C'est grande honte de commencer ce qu'on ne peut mener à chef : Hons qui vuet vivre senz dongier Ne doit grant estat commencier, Se sa rente n'en puet finer. Grant honnte est de commencier Fais c'on ne puet mener a chief, Selon c'on a l'on doit ouvrer. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 97).

-

Mieux vaut au bas commencer pour atteindre : Mieulx vault au bas commencer pour attaindre, A peine veult le bon musictien Prendre le ton si n'est bon ou moyen, Ja ne fera bon orfevre chief d'oeuvre, Si grossement premierement il n'oeuvre, Car par après pourra son or pollir, Et par peine sa rouille luy tollir (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 232).

-

Mieux vaut folie commencée que celle qui est poursuivie

-

Moult de maux fera vieux qui commence jeune V. mal1

-

Oeuvre qui n'est pas bien commencée vient difficilement à bonne fin : Euvre qui n'est bien commenciee Vient a enviz a fin prisiee ; Et s'el a bon commencement C'est signe que l'achevement En doit estre bon par nature (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 31).

-

Qui bien commence, bien finit : ...Et se tu te vieulx avencer, Si te haste du commancier. Le saige [le] t'apprent qui dist : "Qui bien commance bien finist ; Et la bonne fin monstre l'eupvre Du bien que l'en fait et desqueuvre." (Liber Fort. G., 1346, 75). Mais qui commence temprement Et il a bon commancement, Mais qu'il ne rompe le loien, Il doit venir a bon moien. (MACH., D. Aler., a.1349, 240). Bien commancer fait bien finir mainte euvre. (Compl. lion G., c.1470, 302).

-

Qui bien a commencé parfasse V. bien

-

Qui commence et ne parfait, il a perdu ce qu'il a fait : Il se dit en proverbe que qui commaince et ne parfait, il a perdu ce qu'il a fait. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 343). Il ne fait rien, qui commence et ne fine ; Et dès que aucun a varïer s'encline, Son bien passé demeure en oublïance. Et quant l'euvre est haulte, louable et digne, S'on l'entreprent sans ce qu'on l'enterine, C'est reprouche de lasche oultrecuidance. La pert l'omme son nom et sa fïance, Et le bon los tantost se brise et casse (CHART., B. Nobles, c.1424, 409).

Rem. Hassell 80, C250.

-

Tel commence son édifice qui ne le verra jamais parfait : Tel commence son edifice Qui ne le verra ja parfait (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 83).

Rem. Cf. aussi Morawski 890 : Il n'a pas fait qui commence, 2102 : Qui premier commence fait la mellee, 2330 : Teus commence qui ne puet assevir.
 

Empl. trans. [Suivi d'un inf. sans prép.] "Commencer à" : Si voldrent commencer en mer Voyager et vaisseaulx armer. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 199).
 

"Commencer (une action)" : Va y pour accomplir le vice De murtre desja comencé. Il est desja bien advancé Pour la luxure que y ay mise. (Pass. Auv., 1477, 93).

-

Empl. abs. "Commencer" : Il est ja temps de commencer [à célébrer l'office] ; Le peuple est presque venu. (Pass. Auv., 1477, 116).
 

I. -

Empl. trans. [Suj. animé]

A. -

Empl. trans. dir.

1.

"Créer, fonder qqc." : Quant est de politiques, c'est la science par quoy l'en scet royaumes et citéz et quelconques communitéz commencier, ordener et parfaire et en bon estat maintenir et garder et les reformer quant mestier est. (ORESME, E.A., c.1370, 98).

2.

Au passif. "Être réalisé" : Et generalment en toute oeuvre, quant une est bien comenciee, aucune foiz le plus fort en est fait et est l'en ja appliqué a la parfaire, et a l'en plus de plaisance que au commencement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 124).

B. -

Empl. trans. indir.

1.

[Suj. animé] Commencer à + inf. : Et senz ce que raison die ou commence a dire que tel chose est a poursuir comme elle fait en yre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 383). Ou tiers chapitre il commence a determiner selon son opinion des choses pesantes et legieres, et premierement pour quelle cause les unes sont meues en haut et les autres en bas. (ORESME, C.M., c.1377, 674).

2.

[Suj. inanimé] Commencer + inf. : ...pou de aer fust pres du centre, cest aer monteroit siques au ciel de mouvement naturel, car l'en ne pourroit signer lieu ou il commensast estre violent fors en adivinant et sans rayson. (ORESME, C.M., c.1377, 704).

II. -

Empl. intrans. [Suj. inanimé] "Commencer" : Car selon Aristote, ce est impossible naturelment que un mouvement commence de nouvel se aucun autre mouvement n'est cause de ceste nouvelleté, et donques convient il que le procés des mouvemens qui sont causes un de l'autre soit infini, et c'est impossible si comme il appert ou secont de Methaphisique ; ou que un mouvement perpetuel soit cause des autres mouvemens qui ont commencement et c'est le mouvement du ciel. (ORESME, C.M., c.1377, 276).

-

Commencer de qqc. "Commencer par qqc." : ...car desus est commencement de augmentacion ou cressance et mouvement local commence de destre. (ORESME, C.M., c.1377, 308).

III. -

Empl. pronom. [D'un écrit] "Commencer de telle ou telle manière" : Quartement, il est dit en une decretale qui se commence Si Sacerdos que se un prestre scet par confession le crime d'un homme, il ne peut tel homme pugnir ne excommunier par son propre nom. (ORESME, E.A.C., c.1370, 316).
 

"Commencer, engager, mettre en train" : La chose est tres bien commancee, Et avons bon commancement ; Mais, messeigneurs, s'i vous agree, Je conseilleroie bonnement Qu'on se repose plainement Jusques a demain le matin (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 116).
 

"Commencer"

A. -

Empl. trans. : Par amour ce rondel pardites, Qu'aviez conmencé (Mir. ev. N.D., c.1348, 80).

B. -

Empl. intrans. : Cy commence un miracle de Nostre Dame... (Mir. st Alexis, 1382, 281).

C. -

Empl. pronom. : ...escoute que dit saint Augustin en un sermon de ceste feste qui se commence (Mir. fille roy, c.1379, 7).

D. -

Empl. subst.

-

Part. prés. au plur. [Mystique] Les commençants. "Les personnes mariées" p. oppos. aux profitantset aux parfaits : Ou autrement est elle en grace de toute voie, c'est assavoir des conmençans, des prouffitans et des parfaiz. (Mir. st Panth., 1364, 309).
 

"Commencer"

I. -

Empl. trans.

A. -

[D'une pers., d'une personnif. ou d'un animal]

1.

[Le compl. désigne une activité qui se développe dans le temps] : Dont il appert évidemment à tout homme d'entendement Que nul ne doit lors s'avancier à nouveau travail commencier, Car forte chose est de coustume Que nature vaincre présume, Maiz aux accoustuméz, sans fable, Est assez bon et tolérable, Travaillier gracieusement (LA HAYE, P. peste, 1426, 84). Ceste heresie commança ung nommé Waldensis, citoïen de Lion ; pour ce fut dicte "pauperes de Luigduno". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 118 r°). Maistre Aubert de Phares, natif de Mehung sur Loire, docteur à Paris, medicin et astrologien, commança en son aage XXXIII le livre des Climatz et "morte preventus" ne le peut achever (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 148 r°).

2.

[Le compl. désigne une entité abstr. qui exprime la durée] : Toutevoies quant on nous donne le Saint Esperit, il ne commence pas estre en lieu nouvel, mais par nouvelle maniere (Somme abr., c.1477-1481, 118).

3.

[Le compl. est un verbe à l'inf. précédé d'une prép.] Commencer à/de faire : ...des lors, comme a l'aube du jour, les erreurs et ydolatries tenebreuses des juifs et payens commencerent plus grandement a departir et a faillir. (GERS., P. Paul, a.1394, 498). ...car il ny a rien si prochain a soy comme soy mesmes, on doit commencer a congnoistre le plus prochain de soy... (CIB., p.1451, 197). Et puis il [l'aigle] retourne a son nid, et ses jones pouchins le soustiennent et nourrissent, et commence a trambler comme aiant les fievres, et commence aprez a suer. (Somme abr., c.1477-1481, 179).

4.

Empl. factitif. [Le compl. désigne un espace de temps sécable] Faire commencer l'an (en tel mois) : Il fist le kalendrier duquel nous usons. Il partit l'an en dix mois et le fist commancer en mars pour l'onneur de son dieu Mars et pour ce qu'il disoit femme porter IX mois et se delivrer au Xe (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 v°).

B. -

[D'une chose ; le compl. est un verbe à l'inf. précédé d'une prép. et exprimant un procès] Commencer à : Exemple : quant l'eaue mise sur le feu commence a eschauffer jusques au boulir, elle s'estent et espart tant qu'elle puet. (Somme abr., c.1477-1481, 145). ...et si tost que le deluge fut passé et que la terre commança à apparoir, Noé et ses trois filz yssirent de l'arche (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 14 r°).

II. -

Empl. intrans.

A. -

[Dans le temps ; d'une pers. considérée dans son devenir intellectuel ou spirituel] : Qui commence sans perseverer, il chasse hors vilainement et honteusement misericorde de son temple espirituel. (GERS., Purif., 1396-1397, 64). ...et par ce tu congnoisses ce qui est a faire pour bien viure tu as bon commencement, mais il ne te suffit pas, tu nes pas encore parfait car il na pas fait qui commence, combien que celuy qui a bons principes, et qui a commencement il a grant aduentaige de paruenir plus oultre car en toutes choses on seult trouuer grans difficultez au commencement. (CIB., p.1451, 178). ...celuy qui a bien commence il a pres que la moitie de son fait. (CIB., p.1451, 178). Cestui eut Plaudes à disciple, le plus vif en engin que l'on sceust et, lorsqu'il commançoit, mort lui coppa le passage de vie, dont fut grant dommage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 108 r°).

-

Prov. : Il se dit en proverbe que qui commaince et ne parfait, il a perdu ce qu'il a fait. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 343).

B. -

[Dans l'espace ; d'une chose, d'un mouvement d'un corps ou d'un esprit ; le compl. circ., prép. ou adv. de lieu, indique le point de l'espace où l'extension prend naissance]

-

Cy commence qqc. "Qqc. débute ici, prend son point de départ" : Cy commence le septisme livre parlant de la fin du monde. (Somme abr., c.1477-1481, 96).

-

Commencer en/à/de. "Y avoir son origine" : ...selon lestre moral et selon les remedes qui sont par graces et par gloire, tu pourras monter iusques a feruente contemplacion qui commence en saincte meditacion. (CIB., p.1451, 185). Le mouvement du centre est qui commence a la moyenne et s'estent jusques aux extremités et derrenieres et loingtaines parties de la chose corporele. (Somme abr., c.1477-1481, 145). Et pareillement la mer selon l'estat et le cours de la lune, elle s'estent et passe ses termes accoustuméz, lequel mouvement commence du centre moyen et s'estent jusques aux extremités et encores les passe. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

III. -

Empl. pronom. [Le pron. réfl. exprime la participation de l'obj. au procès en même temps qu'il accuse une certaine passivité de l'agent]

A. -

[D'un ouvrage de l'esprit] Qqc. (un livre, un traité) se commence (sous-entendu : par les paroles suivantes) : ...et fist le Livre des temps et ung Traicté des influences de la Lune qui se comance : "Scientes" et ung autre intitullé Liber presagium tonitruorum Bede in quolibet mense. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 104 v°). ...puis fut au pappe Felix et lui predist deux ans devant plusieurs choses contenues en une sienne epistolle, qui se commance : "Beatissime", qui est assez commune. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 r°).

B. -

[D'un savoir] : ...et eurent semblablement chacun en leurs lieux autres disciples, comme recite Malius, et se commença en leur temps la science des estoilles moult fort à augmenter et acroistre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 16 r°).

C. -

[D'un mouvement ; le compl. d'agent est le 1^er élém. d'une série] : Cestui prenostica moult amplement de l'eslevacion des Escorcheurs desquieulx fut aucteur le duc de Bourgongne et Symon Caboche et Haqueville et se commança par les bouchiers de Paris et firent moult de maulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir. "Entreprendre, accomplir le début d'une suite d'actions" : Tout bruyt sera present cessé Affin d'achever par loisir Ce que nous avons commancé. (LA VIGNE, S.M., 1496, 445).

B. -

Empl. trans. indir. "Accomplir le début d'une action"

-

Commencer à + inf. : L'empereur commance a sortir de son eschaffault et vient au parc. (LA VIGNE, S.M., 1496, 171).

-

Commencer de + inf. : Puis environ deux heures et demye Il commença de faire son entree. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 187).

II. -

Empl. pronom. à sens passif. "Être entrepris" : Lors se commancent gracïeuses vendanges (LA VIGNE, S.M., 1496, 332).

III. -

Empl. intrans. "Être au début de son accomplissement, débuter" : Cy finist la matinee du mercredi, troisiesme jour de ce present mistere. Cy commance l'aprés disnee du mercredi, troisiesme jour de ce present mistere. (LA VIGNE, S.M., 1496, 514).
 

I. -

Empl. trans. dir. "Entreprendre" : Le seigneur de Saintré lors commença son compte en la meilleur façon et maniere qu'il sceust (LA SALE, J.S., 1456, 302).

II. -

Empl. trans. indir. Commencer à + inf. "Se mettre à" : Et quant il fut hors de la chambre, il commença tant qu'il peust a fuyr comme se il fust de cinquante loups chassiez. (LA SALE, J.S., 1456, 10).

III. -

Empl. intrans. [Le suj. désigne l'accomplissement d'un procès] "Débuter" : Alors commença le ris moult longuement de l'une a l'autre. (LA SALE, J.S., 1456, 11).

IV. -

Inf. subst. Commencer. "Début" : Et pour plus tost soy acquictier des pris qui seroient perdus, chascun de nous sera tenu, avant le commancer des armes, les mectre es mains du prince, pour en ordonner a son bon plaisir. (LA SALE, J.S., 1456, 146).

-

Le commencer à parler. "Le fait de parler le premier" : ...lors [la reine], pour veoir que Madame diroit, le commencier a parler de celle dame remist a elle. (LA SALE, J.S. E., 1456, 447).
 

I. -

Empl. trans. "Commencer" : Après ma chanson commansa Une dame qui la dansa, Qui moult me sambloit envoisie, Car elle estoit cointe et jolie. (MACH., R. Fort., c.1341, 128). Et lors commensa sa priere Humble et devote en tel maniere... (MACH., C. ami, 1357, 52). ...il retournent Eu chastel et plus ne sejournent, Car le prince est forment courciez De ce qu'il sont ainsi bleciez, Et quant onques il commencerent L'escarmuche. (MACH., P. Alex., p.1369, 157). Et pour ce vueil, sans plus targier, Commencier le Dit dou Vergier. (MACH., Prol., c.1377, 12).

-

Commencer à + inf. : Et quant li lions l'a veü, Onques n'ot si grant joie eü. Il dressa maintenant la teste Et commensa a faire feste. Moult avoit droites les oreilles ; De sa queue faisoit merveilles. (MACH., D. Lyon, 1342, 176). Et quant li lions les parçut, Certes, moult grant doleur reçut Et commença son dueil a faire, Si com oy m'avés retraire. (MACH., D. Lyon, 1342, 223). Je l'ouvri [la lettre] et la pris a lire Et commençai de joie a rire Pour ce que le commencement Encommençoit trop doucement. (MACH., Voir, 1364, 70).

-

Empl. abs. : Adont commensa Souffissance Et dist ainsi en audiance... (MACH., J. R. Nav., 1349, 248). Nompourquant je commenceray Et, se Dieu plaist, je fineray, Comment que soies assez sages Pour toy garder, sans mes messages Et sans mes confors recevoir. (MACH., C. ami, 1357, 1). Je vous mercy de ce que la longueur de mes escriptures ne vous anuie point ; car certainement, quant je commence, je n'i sai faire fin, pour la tresgrant plaisance que je pren en penser, en parler et en escrire. (MACH., Voir, 1364, 126).

.

Loc. : Mais qui commence temprement Et il a bon commancement, Mais qu'il ne rompe le loien, Il doit venir a bon moien. (MACH., D. Aler., a.1349, 240).

II. -

Empl. intrans. "Commencer" : Ci commence le livre du Voir Dit. (MACH., Voir, 1364, 40). Tout maintenant ne fait que commencier. (MACH., App., 1377, 647).

-

Loc. : Bien l'ont esprouvé plusour Qu'amours commencent en joie Et fenissent en dolour. (MACH., L. dames, 1377, 218).

III. -

Empl. pronom. "Commencer" : ...une chanson De trois vers et a un refrein - Oëz, comment je le refrein - Qui par le refrein se commense, Si comme on doit chanter a danse (MACH., J. R. Nav., 1349, 281). Et se commence li yvers, Glages, neges et grans froidures Qui vous seront a souffrir dures (MACH., Voir, 1364, 612).

IV. -

Inf. subst. "Commencement, début" : Or vueil commencier ma matiere Et dire toute la maniere, Et la guisë, et l'aventure Qui me fu diverse et obscure Au commencier et paoureuse, Mais a la fin me fu joieuse. (MACH., F. am., c.1361, 145). Le dous attrait de son tres bel accueil Au commencier me volt tant enrichir Que j'estoie de tous biens en l'escueil, Et me tenoit en l'espoir de joïr. (MACH., L. dames, 1377, 69).
 

A1 commence à + inf. : Quant il fut couchiez, il commença à trambler de froit, et ne se povoit reschauffer, car ja avoit-il, pour ces jours, grant aaige, environ LX. ans. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 187). Li cris et li haros commença a monter et a eslever moult grans (FROISS., Chron. D., p.1400, 376).

A1, humain, commence : Que on conmence dont ! respondirent li aultre (FROISS., Chron. D., p.1400, 700).

A1, humain, commence A2 processus : ...il fu acordé et ordonné que li compagnon saudoiier françois, qui en la chité de Cambrai se tenoient, venroient en Hainnau et i bouteroient le feu et conmenceroient la gerre, car il ne desiroient aultre cose. (FROISS., Chron. D., p.1400, 351).

A2, processus, commence : ...uns grans hustins conmença entre les garçons des Hainnuiers et archiers d'Engleterre en l'oqison d'un jeu de dés (FROISS., Chron. D., p.1400, 116). Ceste bataille (...) longement dura ; et conmença la nuit de la Saint Jehan Baptiste au matin, ensi que a .VIII. heures ; mais elle dura jusques a .V. heures apriés nonne et que la mer fu ralee et revenue. (FROISS., Chron. D., p.1400, 406).

A2, processus, se commence : Tantos se commencha la bataille dure et merveilleuse. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 105).

A2, processus, se commence à + inf. : Lors se conmencierent li trettié et li parlement a entamer, et durerent bien .XV. jours (FROISS., Chron. D., p.1400, 461).

A2, processus, est commencé : En ce temps vint en pourpos et en volenté au roi d'Engleterre de faire redefiier le grant chastiel de Windesore, lequel li rois Artus fist jadis faire et fonder, et la ou premierement la Table Reonde fu conmenchie, dont tant de bons et vaillans chevaliers issirent (FROISS., Chron. D., p.1400, 595).

(Il) commence à + inf. : ...adont conmença il a plouvoir (FROISS., Chron. D., p.1400, 133). ...conmença a esclitrer et a tonner, et sambla proprement que li mondes deuist finer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 728).

De commencer, loc. adv. "Au commencement" : Et disoit on en pluiseurs lieus en la ville et au dehors aussi que il avoient aliances à aucuns eskevins et riches hommes de linage en Gaind ; et ce fait bien à croire, car, de commenchier, tel ribaudaille que il estoient, n'euissent jamais ossé emprendre d'avoir occis si hault homme (...) se il n'euissent des coadjousteurs et soutoiteurs en leur emprise. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 179).
 

I. -

Empl. trans. indir. Commencer à + inf. "Se mettre à" :  Puis commençoient à voler (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 121).

II. -

Commencer à qqc. "Commencer par qqc." :  À moi armer je m'essäai Et au haubert je commençai. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 4502).

III. -

Empl. pronom. réfl. "Entrer dans son commencement, débuter" :  Par moi la voie d'ingnocence Et le chemin droit se commence. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 6560).
 

I. -

Empl. trans. dir.

-

Commencer qqc. : ...[le jeune homme] commença une piteuse, longue et doloreuse plaincte après sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 176). ...laissez luy achever ce qu'il a commencé, je vous en requier (C.N.N., c.1456-1467, 290).

-

Commencer + inf. : ...a cest coup le bon escuier qui ou lit estoit commença grouller, contrefaisant le chien (C.N.N., c.1456-1467, 212).

II. -

Empl. trans. indir.

-

Commencer à + inf. : ...le mary commença a dire en maniere de farse (C.N.N., c.1456-1467, 374).

-

Commencer de + inf. : L'aultre se retira et commença de rire. (C.N.N., c.1456-1467, 254).

III. -

Empl. abs. : J'en adverty trop bien le mien (...) quand il commença, mais il n'en laissa oncques pourtant l'euvre (C.N.N., c.1456-1467, 204). ...elle se cuide tromper de nous, et de fait elle a desja tresbien commencié (C.N.N., c.1456-1467, 230). ...accorda sans gueres dissimuler la requeste de son mary, par telle condicion toutesfoiz que faisant la part des meubles, elle commenceroit et feroit le premier choix. (C.N.N., c.1456-1467, 445).

IV. -

Empl. pronom. Soi commencer

-

Soi commencer à + inf. "Commencer de"

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[Avec un verbe réfl.] : ...se commencent a baiser et a accoler, et faire la plus grand chere de jamais. (C.N.N., c.1456-1467, 320). ...nostre chaperon fourré se commença a ennuyer et lasser de la cordoanniere, et soy refroider de l'amour d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 415).

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[Avec un verbe non réfl.] : ...elle se bouta dedans la dicte cheminée, et se commença a descendre et ung pou avaler (C.N.N., c.1456-1467, 275). ...ilz se misrent sur une couche qui estoit en la chambre, et se commencent a deviser de pluseurs choses. (C.N.N., c.1456-1467, 320).

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[Avec valeur passive] Soi commencer. "Connaître un début" : ...ainsi se commença la bataille, qui dura assez longuement. (C.N.N., c.1456-1467, 551).
 

I. -

Empl. trans. indir.

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Commencer à + inf. "Se mettre à" : ...[il] cogneut et confessa (...) que il est un très-fort larron, et que passez sont vint ans et plus qu'il commença premerement à embler. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 281). Et dit que après ce que ilz orent souppé, ilz commencerent à parler lequel d'eulx yroit à Meleun avecques ledit Guillaume Haguenot (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 23). Ne scet, elle qui parle, que icelle devine fist lors ou a fait depuis à sondit mary ; mais, en après icelle visitacion, il lui commença à amender. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 333).

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Commencer à qqn. "Engager une action vis-à-vis de qqn" : Et ainsi comme l'en lui commeinça, et ot jetté un petit d'eau sur lui, requist à grant instance qu'il fust mis hors d'icelle question, disant qu'il diroit verité (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 117).

II. -

Empl. intrans. "Avoir lieu, débuter" : ...en la fin dudit soupper, commencerent parolles entre lesdiz convers, en demandant et eslisant entre eulx lequel yroit à Meleun par devers le roy nostre sire, pour avoir la lettre de la delivrance de IIIJc frans que le roy nostredit seigneur leur avoit donnez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 23).
 

I. -

Empl. trans. "Faire la première partie d'une chose, entreprendre" : Après ce a volu mondit seigneur le Dauphin que icelle Court commençast ses Plaidoiries selon son ordinaire (BAYE, II, 1411-1417, 43).

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Commencer à, de (suivi d'un inf.). "Se mettre à, entreprendre de" : ...on commença à deliberer et parler de la matiere dessusdicte touchant le fait de ladicte election. (FAUQ., I, 1417-1420, 375). ...environ deux heures après midy, commencerent de faire semblant de vouloir assaillir ladicte ville de Paris. (FAUQ., II, 1421-1430, 322).

II. -

Empl. intrans. "Entrer dans son commencement, débuter" : Item, que de tout temps le Parlement commence chascun an ou mois de novembre et a acoustumé de finer en septembre. (FAUQ., II, 1421-1430, 366).

III. -

Empl. pronom. Soi commencer. "Entrer dans son commencement, débuter" : ...et se commencera la demolition mardi prouchain, qui sera faicte par les officiers du Roy et par justice. (BAYE, I, 1400-1410, 113).
 

I. -

Empl. intrans. "Commencer"

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Qqc. commence

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Empl. abs. : Lors vindrent en la forest, et commenca la chace. (ARRAS, c.1392-1393, 18). Puis commenca la feste qui dura tout jusques au soir. (ARRAS, c.1392-1393, 122). Et a ce mot commenca la messe (ARRAS, c.1392-1393, 122). Mais le roy d'Ausaiz est cy venus pour vous prier, et Regnault, vostre frere, aussi, de venir a l'obseque du roy Fedric, son frere, qui ja est tout prest de commencier ; les pseaulmes et vigilles furent dès ersoir dictes. (ARRAS, c.1392-1393, 187).

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Qqc. commence + adj. attribut : Ly pors fu fiers et orguilleux, et devoura pluseurs levriers et alans, et prinst son cours par la forest qui estoit haulte et droicte, et commenca grant la huee. (ARRAS, c.1392-1393, 18). Et la presse commenca si grant qu'il fu tous deffoulez des piez des chevaulx. La commenca la bataille grant, et y ot grant dommage d'un lez et de l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 72). Et lors Uriien crie Lusignen a haulte voix, et monte sur le pont, la lance ou poing, sa baniere devant lui et sa gent aprez, moult appertement, et Sarrasins d'autre costé. La commenca fort le bouteiz de lances. Uriien fiert un Sarrasin de la lance tellement par my le piz qu'il lui perce le foye et le poumon. (ARRAS, c.1392-1393, 102). Lors passent crestiens le pont moult ysnellement, et lors commenca fiere la bataille, et y ot moult de mors et de navrez (ARRAS, c.1392-1393, 102).

II. -

Empl. trans. dir. Qqn commence qqc. : ... je [Jean d'Arras] supplie a sa haulte dignité que ceste histoire je puise achever a sa gloire et louenges, et au plaisir de mon tres hault, puissant et redoubté seigneur, Jehan, filz de roy de France (...) laquelle histoire j'ay commencé selon les vrayes coroniques que j'ai euez tant de lui comme du conte de Salbery en Angleterre et plusieurs livres qui ont esté trouvez (ARRAS, c.1392-1393, 1). En toutes choses commencier on doit appeller le Createur des creatures, qui est maistre de toutes les choses faictes et a faire, qui doivent tendre a perfection de bien et les autres pervenir selon les vices des creatures. (ARRAS, c.1392-1393, 1). Sire vassaulx, a qui voulez vous commencier la bataille ? Voz ennemis ne sont pas cy present. (ARRAS, c.1392-1393, 24).

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En partic. Commencer qqc. "Célébrer le début de qqc." : Et tenez, mon amy, a nostre amour commencier, je vous donne ces deux verges d'or qui tiennent ensemble ; [dont] les pierres ont moult grant vertu, l'une que cil a qui elle sera donnee par amour, ne pourra mourir par cops d'armes, tant que il l'ait sur lui, l'autre qu'elle lui donrra victoire contre tous ses mal veullans, s'il a bonne querelle (ARRAS, c.1392-1393, 27).

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Commencer (une construction). "Entreprendre la construction de" : Elle [Mélusine] fist faire le chastel et bourg de Partenay, si fort et si bel que sans comparoison. Puis fonda a la Rochelle les tours de la garde de la mer et le chastel, et commenca une partie de la ville. (ARRAS, c.1392-1393, 79).

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Empl. abs. : ...son tres chier et amé frere (...) m'en a commandé a faire le traictié de l'ystoire qui cy après s'ensuit. Et je [Jean d'Arras] commenceray de cuer diligent, de mon povre sens et povoir, en ay fait le mieulx que j'ay sceu. (ARRAS, c.1392-1393, 1).

III. -

Empl. trans. indir.

A. -

Qqn commence de + inf. : Je sui Gieffroy au grant dent, et sui filz Remon de Lusegnen, qui te viens callengier les patiz des gens de monseigneur mon pere. Quant Gardon l'entendy, si commence de rire, et lui a dit : Par ma foy, folz, pour la grant haultesse et le grant hardement que tu as en toy et en ton cuer, j'ay pitié de toy. (ARRAS, c.1392-1393, 246).

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Qqn commence à + inf. : Lors se quaity au mieulx qu'il pot de menus arbrissiaux, de paour que la dame ne l'apperceust, et entroublia toute sa chace et la soif qu'il avoit par devant, et commenca a penser au chant et a la beauté de la dame, telement qu'il ne scet s'il est jour ou nuit, ou s'il dort ou veille. (ARRAS, c.1392-1393, 6). Et, quant ilz furent venus, les deux enfans les bienviengnerent moult amiablement. Et leur commencierent a enquerre de leur voyage, et des usaiges et manieres des pays ou ilz avoient esté ; et ceulx leur en dirent la verité. (ARRAS, c.1392-1393, 81).

B. -

Qqc. commence à + inf. : Respondez que vous ne le veistez depuis que la chasse commenca a estre forte, et que lors le perdistes en la forest de Colombiers (ARRAS, c.1392-1393, 26). Lors s'estourmy l'ost, et commencierent de tous lez a crier : A l'arme ! Lors se commence l'ost a effreer et a armer. (ARRAS, c.1392-1393, 95).